Essai Essai tracteur Valtra T215 Versu : À cœur vaillant, rien d’impossible
Fin août, je me rendais dans la Marne afin de m’installer aux commandes d’un Valtra T215 Versu. Les grandes plaines céréalières de la Champagne crayeuse m’ont donné l’occasion de jauger ce tracteur lors de travaux de déchaumage, mais aussi de tester sa souplesse au crochet d’une benne à trois essieux.
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Depuis maintenant cinq générations, la série de tracteurs T est un des porte-étendards du constructeur finlandais Valtra. Son moteur à six cylindres de 6,6 ou 7,4 L, selon les modèles, a assis sa réputation de robustesse et de disponibilité dès les plus bas régimes. Le T215 de notre essai s’inscrit dans cette lignée de tracteurs, dont les origines forestières demeurent bien présentes. Pour preuve, il suffit de se pencher et de jeter un œil en dessous pour s’apercevoir que rien ne dépasse. Aucun flexible ni support de filtre ne risquent d’être arrachés à cause d'une souche ou d'une branche mal placée. D’autres éléments propres à cette série se retrouvent de nouveau au cœur de la cinquième génération de T, à l’instar de la suspension pneumatique du pont avant, couplée à des amortisseurs, ou encore du châssis en taille de guêpe maximisant la maniabilité de l’engin, lequel affiche pourtant un empattement de 2 995 mm. Après ce premier tour du propriétaire, je monte à bord de la cabine, profitant du large marchepied dont l’inclinaison m’avait déjà séduit lors de l’essai du G135. Je retrouve rapidement mes repères dans l’environnement SmartTouch, que j’avais également découvert dans le G, disponible dans cette finition Versu. La visualisation en trois dimensions du tracteur sur l’écran tactile en bout d’accoudoir donne directement accès aux différents paramètres : moteur, transmission, hydraulique, relevage, prise de force, éclairage… Dans un premier temps, je m’élance sur les pistes autour de l’exploitation, histoire de me faire la main avec la transmission semi-powershift. Cette dernière compte quatre gammes et cinq rapports sous charge.
Une semi-powershift souple et efficace
Avec l’option « rampantes » dont profite notre tracteur, le nombre total de vitesses s’élève à 30 dans les deux sens de marche. Une simple impulsion sur le levier de conduite commande le passage des powershifts. Lorsque la dernière vitesse d’une gamme est atteinte, une impulsion supplémentaire provoque le changement de celle-ci, en alignant automatiquement le rapport sous charge adapté. Par exemple, la transmission va sauter directement de C5 à D2 ou D3. Je profite de l’important couple disponible à bas régime et apprécie d’entendre le ronron du moteur aux alentours de 1 000 tr/min. Inutile de monter dans les tours lors de cette balade de découverte. Le six-cylindres ne semble pas peiner face à la montée rapide des rapports que je lui impose. Par acquit de conscience, je décide alors d’activer le mode automatique de la transmission. En réalité, celle-ci compte deux modes : Auto1 et Auto2. Le premier permet au conducteur de déterminer les régimes mini et maxi à partir desquels les changements de vitesse doivent s’opérer. Dans le second mode, les réglages du constructeur priment, dispensant ainsi le conducteur de toute modification. Je préfère vous dire que je ne suis pas resté longtemps en mode Auto. Quel supplice que de faire monter ce moteur dans les tours alors que le tracteur ne tire pas de charge ! C’est tellement plus agréable de profiter du ronronnement de ce gros moteur à bas régime. Pour m’en convaincre, je me rends dans une parcelle de chaume où m’attendent un déchaumeur porté à dents et disques de 4 m de large ainsi qu'une masse d’environ 1 t.
Du couple à revendre
Une fois l’outil attelé et réglé, le Valtra lesté s’élance dans la parcelle de 35 ha, avec une consigne de vitesse de 10 km/h. Je monte les rapports jusqu’à acculer le moteur vers 1 300 tr/min. Là encore, son importante réserve de couple lui permet de ne pas s’effondrer, tout en limitant son régime, et donc sa consommation de carburant. Le bruit en cabine est parfaitement filtré. La suspension mécanique de celle-ci, combinée à l’amortissement pneumatique du siège conducteur, distille un confort de premier ordre. L’enregistrement du régime moteur grâce au bouton dédié sur le joystick me facilite la tâche lors des demi-tours. En deux clics, je fais monter le relevage et reviens au régime de ralenti, puis je repose l’outil et reprends le régime mémorisé lorsque le tracteur est aligné pour le prochain passage. Avec un outil plus complexe, nécessitant par exemple le relevage hydraulique de certains éléments, j’aurais également pu enregistrer une séquence de bout de champ, à l’aide de l’interface SmartTouch. Lors du passage des rapports sous charge, je constate un certain manque de souplesse entre les powershifts 1 et 2, alors que les autres enchaînements se passent bien plus délicatement. Peut-être la transmission de ce tracteur nécessite-t-elle un calibrage pour effacer ce défaut ? Quoi qu’il en soit, c'est un des seuls points négatifs ayant retenu mon attention lors de cet essai au champ.
À l’aise sur les pistes
Il est maintenant temps pour moi de conduire le T215 dans une application de transport. Pour cela, je lui attelle une benne à trois essieux La Campagne. Bien que nous n’ayons rien à y charger pour la lester, cet atelier me permet de me faire une idée sur le comportement routier du Valtra. Là encore, la transmission semi-powershift brille par son efficacité et sa souplesse. Les changements de gammes passent sans à-coups. J’opte ici aussi pour l’exploitation des bas régimes, plus économiques sur route. Sur les pistes de craie comptant de nombreux nids-de-poule, le tracteur se montre stable et bien assis, fort de son empattement long de 2 995 mm. Sa suspension de pont avant limite les secousses. Finalement, au terme de ces quelques jours au volant du T215, je dois dire que je suis plutôt séduit par ce tracteur. Le terminal tactile SmartTouch s’avère très facile à prendre en main. La cabine est suffisamment spacieuse puisqu'elle est conçue pour recevoir un poste de conduite inversé. J’ai même pu me rendre compte de l’espace disponible pour les jambes dans cette configuration, le siège pivotant à 180° même en l’absence du poste inversé. Bien évidemment, Valtra propose une multitude d’options et d’adaptations, à travers son studio Unlimited, pour répondre aux besoins spécifiques de chaque utilisateur. Les possibilités vont de la cabine forestière avec toit vitré pour visualiser la grue montée derrière le tracteur jusqu’au caisson de basses, en passant par les réservoirs blindés en acier ou encore les peintures personnalisées.
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